Travail de synthèse de l'étude de Bunting et Cousins (1985) par Mme A. Geoffroy
Outil méthodologique de la recherche
Le test ERI, élaboré a partir du test de McKechnie, comprend 8 échelles de personnalité. Ces échelles sont libellées comme suit ; le pastoralisme, l’urbanisme, l’adaptation a l’environnement, la recherche de stimuli, la confiance en l’environnement, l’antiquarianisme, le besoin d’intimité et l’orientation mécanique. Selon Bunting et Cousins (1985), ces 8 échelles représentent des réponses individuelles face à l’environnement physique. Des analyses factorielles, ainsi que des valeurs comparatives sont utilisées afin d’argumenter la représentativité de l’étude.
Ces 8 échelles sont définies comme suit ;
Le pastoralisme
Il s’agit d’une réponse affective positive envers l’environnement naturel et des espaces en plein air (parcs). Les enfants ont chacun une appréciation différente de l’environnement.
L’urbanisme
Il s’agit d’un intérêt éprouve par l’enfant a l’égard d’un environnement crée par l’homme et de la complexité de la vie en ville. L’urbanisme inclut en plus un intérêt pour des activités culturelles et pour des groupes sociaux.
L’adaptation a l’environnement
Cette échelle exprime l’acceptation de la domination de l’environnement par l’homme. Les enfants sont exposes a un type de pensée pendant leur parcours scolaire. Les attitudes liées à des problèmes tels que, la pollution et les déchets démontrent l’opinion négative qu’un enfant peut avoir sur l’adaptation a son environnement. Ceci aura par la suite tendance à expliquer les faibles résultats de l’échelle.
La recherche de stimuli
L’enfant va ici aller à la recherche de sensations en manipulant l’environnement. Les théories du développement de l’enfant mettent en avant l’importance dans la recherche de stimulus dans le processus de maturation de l’enfant. D’ailleurs, l’existence de parcs à sensations (Disney) atteste de l’existence de ce type de réponse à l’environnement.
La confiance en l’environnement
La confiance et l’assurance dans tous les types d’environnement ; qu’il soit naturel ou crée par l’homme. Les enfants manifestent divers réponses ; allant d’un sentiment de sécurité, à un sentiment de peur. Cette échelle mesure ainsi les différentes émotions chez l’enfant.
L’antiquarianisme
Il s’agit d’une réponse émotionnelle donnée par l’enfant dans un environnement traditionnel ou historique. Les enfants d’âge scolaire expérimentent différents attitudes a propos de l’histoire.
Le besoin d’intimité
L’enfant exprime dans cette échelle, un besoin de solitude et de retrait de toute distraction provenant de l’environnement. Ce besoin s’exprime par l’enfant a travers son désir de passer du temps seul. Ce besoin varie selon les enfants.
L’orientation mécanique
L’échelle évalue le plaisir que se procure l’enfant à travers des activités manuelles tels que ; réparer un vélo ou construire une cabane dans les arbres …
Ces 8 échelles consistent en une échelle de Likert avec 2 extrêmes « parfaitement d’accord » et « pas d’accord du tout » et le « je ne sais pas ». Chaque échelle comporte 20 items. La durée de l’étude est de 45 minutes et inclut 20 minutes de pause pour les jeunes enfants. L’échantillon de l’étude consiste en 1100 étudiants de 8 à 16 ans, vivant en milieu urbaine ou rurale. Au niveau statistique, les test-retest et l’alpha de Cronbach démontrent une bonne homogénéité des items des échelles.
Résultats de l’étude
Les auteurs prennent en comptent les 8 échelles mise en place et analyse le résultat des scores obtenus sur chaque échelle.
L’échelle du pastoralisme est celle qui se distingue le plus des 8 autres échelles. Selon Moore et Young (1978), ces résultats sont étonnants chez ces enfants montrant un grand attachement a l’environnement car ces derniers se trouvent rarement en milieu naturel, se résumant la plupart du temps par des loisirs récréatifs. Les enfants sont en majeure partie des filles vivant en milieu rurale.
Au niveau de la recherche de stimuli, les scores obtenus sont concluants, démontrant ainsi l’intérêt des enfants à aller à la rencontre de l’environnement et de le stimuler. Ceci est essentiel dans le processus d’apprentissage et de développement de l’enfant. Cependant, la recherche de stimuli est très présente chez des garçons vivant en milieu urbaine qu’en milieu rurale. Elle est contrairement plus présente chez les filles vivant dans un milieu rural qu’en ville.
Les résultats obtenus par les 2 échelles d’orientation mécanique et l’antiquarianisme sont équivalents. Les enfants sont souvent amenés à entreprendre des activités manuelles. Ils manipulent ainsi physiquement leur environnement. De plus, ceci provoque un sentiment d’attachement à l’environnement physique. Ce type de comportement est plus présent chez des enfants vivant en milieu rural que ceux vivant en milieu urbain.
Néanmoins, les résultats des échelles de la confiance en l’environnement et du besoin d’intimité ne sont pas significatifs. Dans le deuxième cas, il est tout a fait normal que l’enfant a des heures et des endroits ou il joue seul, sans pour autant interdire l’accès à des stimuli extérieurs. Dans le premier cas, la peur est perçue comme formant une partie essentielle de l’enfance. Selon Bowlby (1975), il s’agit même d’un comportement naturel et nécessaire.
Les auteurs évoquent ensuite leur étonnement quand aux scores très bas de l’échelle de l’urbanisme. Il semble que les préadolescents ne peuvent sortir librement en milieu urbaine et que les représentations négatives véhiculées par les medias aident à la construction d’une opinion négative. Il est à noter que ce type de comportement est présent plus précocement chez des préadolescents (11-14 ans) vivant en ville et plus tardivement chez ceux vivant en milieu rural (14-17 ans).
Les auteurs prennent ensuite en considération les activités que font les enfants et qui sont influencées par l’environnement. Les résultats du test montrent que peu d’enfants participent à des activités extrascolaires et à des loisirs en plein air. Plusieurs de ces activités se retrouvent néanmoins dans la majorité des échelles car elles représentent une interaction avec l’environnement.
Enfin, au niveau de l’échelle d’adaptation a l’environnement, les scores connaissent une baisse avec l’âge. L’adaptation à l’environnement constitue un standard moral que l’enfant met en place selon les stimuli de l’environnement. Ce standard moral évolue en même temps que l’âge et la maturation pendant l’enfance (Piaget 1932).
Intérêts de la recherche
Au niveau méthodologique, la mesure est beaucoup plus facile à obtenir chez ce type de population. Il ne s’agit pas d’une mesure incluant des émotions et qui traite des relations inter et intra personnelles, un sujet sensible chez les préadolescents et les adolescents. La mesure n’a pas pour but d’être une évaluation. L’enfant est ainsi plus apte à répondre aux questions sur l’environnement et sur les loisirs. Concernant les jeunes enfants, il est intéressant de constater les 20 minutes de pause accordée car l’enfant à une attention limitée. Tout ceci est fait pour augmenter la fiabilité des résultats.
Au niveau développemental, on observe que l’enfant est capable d’avoir plusieurs types de comportement envers les stimuli de son environnement et que certains de ces comportements sont nécessaire au bon développement de l’enfance, la peur par exemple.
Limitations
Il existe peu d’information sur l’origine et l’évolution de ces dispositions environnementales et au sujet d’une ‘personnalité environnementale’. De plus, la majeure partie des travaux sur le comportement environnemental peut être difficilement appliquée. Il est difficile d’élargir les contextes de ces études car elles se restreignent souvent par des endroits géographiquement étroits, tels que ; des parcs, des communes et des villes. La population de l’étude est aussi petite et n’est testée qu’une seule fois. La population de l’étude ne peut ainsi être généralisée (Patterson 1977) et ne devient donc pas représentative de la population générale. Les outils de test peuvent aussi être contestes selon leur fiabilité et leur validité.
Par ailleurs, même si le test de ces auteurs parait utile, ces derniers ne prennent pas en compte d’autres modèles semblables ou différents. Il s’inspire en plus du modèle établi par McKechnie qui était aussi intéressé par les loisirs récréatifs et du comportement concordant. On peut ainsi remettre en question ce que mesurent vraiment les différentes échelles. Aussi, il n’existe pas de support théorique directement lié aux 8 échelles distinguées comme des réponses face à l’environnement physique. Il n’y a pas de littérature spécifique pour expliquer pourquoi les réponses des enfants différent d’un enfant a un autre selon des critères géographique.
Conclusion
Cette recherche évalue les dispositions environnementales chez des enfants d’âge scolaire par la mise en place d’échelles qui mesurent les différentes réponses qu’ils donnent en rapport avec leur environnement. Il existe une importante corrélation entre les dispositions environnementales, le sexe et le lieu de résidence des enfants.
Intérêt pour ma recherche de 2009-2010
Mon mémoire traite de la représentation des enfants en classe de sixième et de troisième sur le changement climatique dans la région des alpes, a Saint Gervais. L’article présenté m’a permis de prendre en compte les différentes réponses qu’un enfant peut avoir envers son environnement. Ce dernier influence aussi le comportement de l’enfant, ses attitudes, ses valeurs et ses croyances sur l’environnement. De plus, tout comme ma recherche, l’article interroge des préadolescents. Selon ce dernier, la meilleur façon d’obtenir des données fiables chez cette type de population n’est pas par la confrontation mais plutôt en interrogeant leurs perceptions sur l’environnement. Au cas contraire, les réponses risquent d’être erronées, surtout si le préadolescent pense qu’il s’agit d’une évaluation.